Avez-vous déjà composé le 911 puisque vous aviez besoin d’une ambulance ? Trop souvent, nous oublions les gens qui sont au cœur de ce service d’urgence.
Les répartiteurs médicaux d’urgence, ou RMU, travaillent dans un Centre de communication santé (CCS) responsable de recevoir les appels du 911 pour des problèmes médicaux ainsi que d’assurer la gestion des véhicules ambulanciers sur le terrain. Les répartiteurs travaillent de jour – comme de nuit – pour assurer une réponse efficace aux appels d’urgence et répartir les ambulances et premiers répondants de votre territoire.
Ils entendent toute sorte de choses durant leur carrière. Parfois, il s’agit simplement d’un appel d’une dame qui est tombée et qui ne peut se relever. D’autres fois, ils doivent apporter le soutien nécessaire à une mère qui a trouvé son fils pendu à la maison. Ces spécialistes écoutent, jour après jour, des citoyens qui ont besoin d’aide. En superficie, certaines situations peuvent paraîtres très simples. Toutefois, pour les patients, elles peuvent sembler insurmontables.
Pour de nombreuses personnes, les RMU font la différence entre la vie et la mort. Les répartiteurs médicaux d’urgence ne sont pas des préposés du 911, ils sont de véritables professionnels de la santé, des professionnels de l’urgence et des femmes et des hommes dévoués.
Devenir un RMU
Que faut-il pour être RMU ? Malgré que le seul diplôme demandé soit un diplôme d’études secondaires, le chemin pour devenir répartiteur est tout de même corsé. Le candidat doit démontrer une véritable force d’esprit, de caractère, un sang-froid à toute épreuve et une gestion du stress immense. En effet, il n’est pas facile d’aider une personne sans être sur les lieux. Selon plusieurs paramédics, il est plus facile d’aider une personne lorsqu’on voit les signes et les détails de l’incident, alors que les RMU, au téléphone, doivent se fier à la voix de la personne et à leur imagination.
Le RMU doit être capable de répondre au téléphone, tout en écrivant à l’ordinateur, en écoutant ses collègues autour et en parlant à des paramédics dans les véhicules. Si vous êtes capable d’être une pieuvre, nous vous souhaitons la bienvenue au sein de notre grande équipe! Le répartiteur doit également s’exprimer aussi bien en français qu’en anglais, être à l’écoute, être empathique et vouloir travailler en équipe, car au CCS, nous nous entraidons tous !
Malgré ces belles personnalités, plusieurs de nos collègues partent en maladie et quittent pour quelques semaines, quelques mois, ou plus. Répondre à des appels d’urgence tous les jours, répondre à l’inconnu environ 10 à 30 fois par jour, c’est épuisant pour le corps et l’esprit. Devoir rester calme et maîtriser son stress alors que l’appelante est en train d’accoucher et elle est seule à la maison, c’est difficile. Devoir garder son calme alors qu’un père a trouvé son enfant avec le bras arraché dans une tondeuse, ce n’est pas facile. En effet, plusieurs nous quittent et sont épuisés psychologiquement.
On entend souvent parler, légitimement, des blessures physiques que les intervenants sur le terrain peuvent ressentir. Cependant, qu’en est-il des blessures psychologiques chez les répartiteurs? Elles sont aussi bien présentes et en très grand nombre.
Les RMU méritent d’être mieux reconnus comme des travailleurs d’un métier à risque, non pas physique, mais bien psychologique. Les RMU et les paramédics ne sont qu’une seule équipe : celle des spécialistes de l’urgence et du préhospitalier.
Ayez une pensée pour ces femmes et ces hommes qui doivent, chaque jour, réagir face à l’urgence, essuyer des cris, des pleurs et parfois même des insultes. Néanmoins, ce sont des professionnels qui seront toujours présents au bout du fil en cas de besoin.
Je suis fier d’être répartiteur médical d’urgence et d’être disponible pour chacun d’entre vous.
Philippe-Olivier Belcourt
Répartiteur médical d’urgence
Vice-président de la FRMULL