COMMUNIQUÉ
Pour diffusion immédiate
ROSEMÈRE, 5 février 2020 – À l’occasion de cette 30e Semaine nationale de prévention du suicide (2 au 8 février), la Fédération des employés du préhospitalier du Québec (FPHQ) lance « Le traumatisme vicariant, une maladie professionnelle ! », une démarche voulant informer les paramédics, les répartiteurs médicaux d’urgence, les élus, ainsi que la population sur ce type de traumatisme. Par cette démarche, la Fédération veut aussi demander au gouvernement du Québec de reconnaitre ce traumatisme comme une maladie professionnelle. Le taux de suicide étant trois fois plus élevé auprès des employés du préhospitalier que dans la population générale, il grand temps d’agir et la reconnaissance en CNESST du traumatisme vicariant est un premier pas dans cette direction ! Ultimement, ceci permettrait aux travailleurs du préhospitalier affectés par ce trauma d’être soutenus par la CNESST, d’avoir accès à un congé en invalidité, en plus d’avoir l’éventail complet des ressources psychologiques nécessaires à leur guérison (consultation, thérapie, etc.) à leur disposition. Actuellement, un travailleur souffrant du traumatisme vicariant doit porter à lui seul le poids de sa guérison et lorsqu’on est dans un état psychologique fragile, ce poids est écrasant.
QU’EST-CE QUE LE TRAUMATISME VICARIANT ?
On confond souvent par erreur le choc post-traumatique et le traumatisme. Si le premier résulte d’une exposition à une situation traumatisante et laisse le témoin dans une grande détresse psychologique, le deuxième ne survient pas du tout dans les mêmes conditions. On peut dire que le traumatisme vicariant est plutôt une usure psychologique par compassion. À force d’être exposée à des situations traumatiques, de vie ou de mort, de survie ou de décès, parfois de deuil, mais presque toujours de douleur, l’empathie des travailleurs du préhospitalier envers leurs patients devient rapidement une charge psychologique permanente. Souffrir du traumatisme vicariant c’est avoir des symptômes semblables à ceux du choc post-traumatique, sans pouvoir identifier une unique situation traumatique à mettre en cause. Ce trauma a des conséquences psychologiques telles que la diminution de la concentration et de l’estime de soi, mais il a aussi de nombreux effets sur le travail : faible motivation à travailler, hausse des erreurs dans le travail, perte d’intérêt, impatience, absentéisme et parfois, épuisement professionnel.
LE TRAUMATISME VICARIANT, FRÉQUENT DANS LE PRÉHOSPITALIER
Tous les jours, les intervenants des milieux d’urgence (paramédics et RMU) sont témoins de la détresse et de la souffrance des personnes qui font appel à leur aide. Les interventions d’urgences viennent souvent avec un grand sentiment d’impuissance, car dans certains cas plus graves, il n’y a rien que les travailleurs peuvent faire pour aider le patient. Pour les RMU, ce sentiment d’impuissance est encore plus grand, puisque ceux-ci n’interviennent pas physiquement auprès des patients et doivent se contenter d’être à l’écoute et d’accueillir les états de crise de patients ou de leurs proches. Au fil du temps, les employés du préhospitalier peuvent devenir victimes de leurs métiers, saturés par leur surexposition à des scènes traumatiques. Écouter la douleur de l’autre, jour après jour, c’est moralement usant, et c’est ce qui mène au traumatisme vicariant. C’est pourquoi ce n’est pas surprenant que 38 % des paramédics en congés maladie le sont pour des raisons psychologiques, et que cette proportion grimpe à 75 % chez les RMU !
INFORMER, RECONNAITRE ET PRÉVENIR
« Le traumatisme vicariant, une maladie professionnelle ! » servira à sensibiliser nos collègues sur ce type de traumatisme afin qu’ils soient plus alertes à identifier celui-ci chez des collègues ou eux-mêmes. Pour la Fédération, il est aussi important que la population soit informée sur ce traumatisme qui, bien que très fréquent dans le préhospitalier, peut aussi survenir dans d’autres milieux de travail de relation d’aide. Quant aux élus, nous croyons qu’il est primordial qu’ils se saisissent du dossier et qu’ils travaillent à faire reconnaitre le traumatisme vicariant pour ce qu’il est : une maladie professionnelle.
CITATIONS
« L’écoute n’est jamais sans effet sur l’écoutant. L’accumulation de situations intenses et traumatiques a un effet à long terme et on doit commencer à le reconnaitre, à le considérer dans notre approche à la santé mentale. Pour les travailleurs du préhospitalier, le traumatisme vicariant fait partie du métier » nous explique Stéphane Rainville, président de la Fraternité des répartiteurs médicaux d’urgence Laurentides-Lanaudière – FPHQ.
« Tout ce qu’on demande, c’est que le traumatisme vicariant soit reconnu par la CNESST pour que nos travailleurs puissent être soutenus, pour qu’ils puissent prendre le temps de guérir pour revenir au travail, prêts à affronter à nouveau les situations traumatiques qui nous sont quotidienne » a poursuivi M. Rainville.
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INFORMATIONS
Gabrielle Arguin, conseillère en relations publiques
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